dimanche 28 avril 2013

Dans la rue......

A partir de cinq mots imposés, pris au hasard dans la liste établie lors de la séance sur le thème de la rue, décrire dans un premier temps la rue de son enfance.
Puis dans un second temps, décrire sa rue actuelle.

ANTAN LONTAN
Bus scolaire, usine, panneaux de signalisation, trottoir, lampadaire

Je vois encore ce bus scolaire, ces élèves, des enfants d'ouvriers, travailleurs de l'usine à découper. Je vois ces vieux panneaux de signalisation, une rue sans trottoir, uniquement des caniveaux de part et d'autre, avec des lampadaires éclairant difficilement, le soir. Et pourtant il se dégageait un parfum d'huile brûlée, de sueur, de souffrance, là où la misère s'épanouissait lentement.
Sioul Nobel

Usine, voiture, enfants, police, danseurs de hip-hop

De mon enfance, je n'ai plus guère de souvenirs que ceux de la rue où j'habitais. Des sons, des odeurs, des couleurs, tout cela me revient comme des flashs. C'est vrai qu'en ce temps là, vivre dans la rue n'était pas synonyme de "sans domicile". Moi j'y passais mes vacances, dès que j'avais la permission de sortir le matin, pour n'y rentrer qu'à l'heure du déjeuner et du goûter. Jusqu'au soir, les enfants étaient libres comme l'air. Aucune voiture ne passait jamais dans cette rue, à part la charrette de livraison tirée par un gros cheval de trait qui amenait les colis à l'usine au bout du chemin. C'était toujours une récréation de voir ce cheval arriver, surtout quand il lâchait son crottin sur la chaussée. La plupart des enfants s'enfuyaient en se bouchant le nez, mais moi, je prévenais toujours ma grand-mère qui habitant la maison d'en face. Elle ramassait le crottin tout fumant pour faire son engrais de jardin, et ses fleurs l'en remerciaient, généreusement.
De temps en temps, on voyait arriver le gros chef de la police, surtout quand nous envoyions nos ballons dans les jardins des riches propriétaires du bout de la rue, qui n'appréciaient pas de nous voir grimper par dessus les clôtures pour récupérer nos précieuses balles. Le plus marrant c'était les jours de pluie, chaussées de bottes en caoutchouc. Nous avions le droit de sortir, mais uniquement pour aller ramassser les escargots dans les fossés. Ma soeur et moi, ne pouvions pas nous empêcher de sauter dans les flaques laissées par les averses, au grand dam de maman. Le soir, la rue retrouvait un air plus tranquille, de campagne embourgeoisée l'été par l'arrivée des gens de la ville dans leurs propriétés. Ils auraient été attérés de voir que plusieurs années après, ce bout de terroir était devenu une banlieue surpeuplée, où les danseurs de hip-hop se partagent le bitume avec les taggeurs et les revendeurs en tout genre.
Guiseppa

MAINTENANT
pâtisserie, tags, chat, poubelle, vieille dame

Ce matin, j'ai été encore réveillée très tôt, par le camion qui ramasse les poubelles. Comme la rue est une impasse à forte déclivité, le camion descend  à reculons, d'opù ce bi-bip aigu qui déchire le petit matin. J'en serais quitte pour faire la sieste dans l'après-midi, à moins que la vieille dame d'en face ne mette sa télé tellement fort qu'on peut suivre, jour après jour, les sagas feuilletonesques dont elle abreuve la rue du matin jusqu'au soir. Même son chat n'en peut plus. Il se réfugie tous les jours sous ma voiture, n'en sortant que tard le soir pour chasser les ravets. Il court le long du muret recouvert de tags, avant de grimper par la brêche et de s'engouffrer dans le fourni de la pâtisserie voisine, où je suppose qu'il doit voler deux ou trois biscuits, car je vois souvent l'apprenti courir avec un balai à la main derrière l'animal. Cette rue c'est comme un livre à ciel ouvert, où l'on en apprend plus sur ses voisins en une journée d'observation que par les commérages de la maquerelle du coin. Il y a celui qui sort en catimini au pipirit chantant de chez la petite brunette du bas de la rue. Il va se dépêcher d'être chez lui avant le réveil de son fils, qu'il amènera au collège. Il y a aussi cette belle femme aux nombreux bijoux en or qui vient de s'acheter son premier 4x4 flambant neuf. C'est à peine si elle dit bonjour maintenant. Puis il y a ce couple, elle très discrète, toujours bien mise, et lui, parfaitement rasé, plus de 150 ans à eux deux, mais droits comme des I, marchant la main dans la main. Et toujours ce défilé de petis cons, sur leurs pétrolettes, montant et redescendant l'impasse, à grand renfort de bruits de moteur, laissant leurs traces bruyantes et malodorantes monter dans l'air étouffant de la soirée qui commence. Pour un peu, on en resterait à contempler cette vie grouillante.
Guiseppa


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